La lettre des décideurs N°32

Quelles évolutions pour les cabinets d’avocats de demain ?

Anne Frede
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Objectif Croissance n°32 : renaissance, croissance, performance

La création du métier d’avocat se dessine depuis l’antiquité, en Grèce où les accusés devant se défendre seuls utilisait les services de rédacteurs pour préparer leur défense. La profession d’avocat, dans sa forme actuelle, remonte au XIIIème siècle et s’est organisée au fil des siècles au cours desquels l’avocat a glissé d’un rôle de pur défenseur à celui de défenseur et de conseiller, dans des activités judiciaires comme juridiques.

D’environ 200 avocats au XIVème siècle, nous étions 70 073 avocats inscrits au 1er janvier 2021, sans compter tous les salariés des cabinets. Ceci requiert une structure financière solide, une bonne organisation administrative, comme dans les entreprises.

Entreprise, le mot est lâché, car les cabinets d’avocats sont des entreprises comme les autres, certes avec leurs règles de secret professionnel, d’indépendance, de probité mais entreprises tout de même.

Il faut attendre 1900 pour que les femmes puissent accéder au barreau (57% de femmes avocates au 1er janvier 2021 (source CNB). Les avocates, qu’elles soient collaboratrices ou associées, doivent pouvoir organiser en toute quiétude leur vie personnelle sans renoncer à leur profession, et à leur progression professionnelle. Il est possible de bien servir son client, avec des prestations de très grande qualité sans pour autant tout sacrifier : exit l’ancien concept du présentiel à tout prix et le mythe des nuits au bureau. Nos clients ont tous des programmes de télétravail, de plans de carrière spécifiques pour les femmes en entreprise : nous aussi !

Tous les talents du cabinet sont mis en avant. Un bon management des équipes n’est pas un concept importé, il s’agit d’une pratique normale relevant d’une bonne gestion d’entreprise.

Une véritable stratégie d’entreprise s’est faite adopter. Se faire connaître et reconnaître sur les réseaux sociaux, montrer son expertise, avoir une stratégie de communication et de marketing… Sans compter la prise en compte de la satisfaction client et la recherche d’une réponse adaptée aux nouveaux besoins de ces derniers.

La prise de conscience du changement climatique et des enjeux sociétaux va forcément refondre certaines règles juridiques et fiscales, créer de nouvelles obligations pour nombre d’acteurs économiques, quel que soit le secteur d’activité.

Pour l’intelligence artificielle, les questions de responsabilité, de créations, d’utilisation, vont faire émerger un arsenal législatif national et international adapté.

L’espace lui-même est en train de devenir un enjeu, pas seulement des Etats, mais également des entreprises (voyages touristiques, satellites divers et variés, recyclage). Pour le moment aucune règle n’a été écrite sur le sujet. Quel terrain de jeu passionnant pour la prochaine génération d’avocats !

Pour comprendre et envisager la prospective de ces nouveaux domaines, l’avocat ne doit plus travailler seul dans son coin. Il va devoir s’appuyer sur des experts techniques de la RSE (en santé et en environnement notamment), des experts financiers, des ingénieurs, des experts informatiques et de la cybersécurité pour comprendre les systèmes de l’intérieur et mieux conseiller et défendre ses clients. Le monde d’aujourd’hui est déjà un monde où il faut savoir travailler ensemble.

Additionner ses expertises pour multiplier les solutions à apporter, cela nécessite une ouverture d’esprit réelle, à supposer d’accepter de remettre en cause ses certitudes, car l’inconnu du monde de demain rend la perspective incroyablement fascinante pour une profession qui n’a pas fini d’évoluer.