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Adossement industriel : voie de pérennité pour les start-up en mal de financement

Nathalie Margraitte
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Adossement industriel : voie de pérennité pour les start-up en mal de financement
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Dans le contexte de réindustrialisation post-Covid, les start-up industrielles ont la cote auprès de PME et ETI avides d’innovation. A l’heure où les levées auprès des fonds de Venture se sont taries, l’adossement à des corporates devient une option intéressante et potentiellement synergétique.

Longtemps considéré comme la fin de l’aventure entrepreneuriale des fondateurs de start-up, l’adossement industriel est désormais devenu une voie royale, sinon la seule, pour assurer la pérennité de jeunes pousses confrontées au tarissement des levées de fonds. Cette planche de salut a été adoptée par 310 start-up en 2023, d’après une étude publiée début janvier par la banque d’affaires Avolta Partners.

Cela représente plus des trois quarts du total des sorties recensées l’année dernière. Il faut dire que, face à la fermeture du marché des introductions en bourse et du robinet des financements en capital-risque qui coulait à flots il y a encore quelques mois, le rachat par un acquéreur stratégique a sensiblement gagné en attractivité. Les synergies permises par la force de frappe commerciale d’une grande entreprise sont désormais perçues avec lucidité par des start-uppers, qui ont dû renoncer à leurs rêves de licornes. De leur côté, les industriels font leur marché avec une gourmandise sélective dans la « foire aux bonnes affaires » des pépites technologiques. Les start-up de la transition environnementale, par exemple, ont particulièrement le vent en poupe auprès de groupes soucieux d’accélérer la décarbonation de leur activité.

Réussir la greffe culturelle

En dix ans, le nombre d'investissements directs des grands groupes dans les start-up, que ce soit via des prises de participations minoritaires, majoritaires ou des acquisitions à 100%, a été multiplié par 10, d’après les données du spécialiste de l’open innovation RaiseLab.

L’acquisition par de grands groupes de petites entreprises innovantes pose ainsi avec acuité l’enjeu de l’intégration : l’objectif recherché étant de « polliniser » les métiers classiques sans écraser l’agilité et l’ADN disruptif de la cible. Après avoir essuyé quelques coûteux plâtres, les membres du CAC40 sont désormais rôdés à l’exercice avec des dizaines de rachats de start-up à leur actif. En revanche, des entreprises à la taille plus modeste peuvent hésiter à franchir le pas. Si le mariage de l’ETI traditionnelle et de la start-up de rupture tient encore parfois de l’union de la carpe et du lapin, ce n’est aucunement une fatalité. Quelques exemples récents prouvent la viabilité d’une intégration réussie sans transformer ces pépites innovantes en coquilles vides ni faire muer un groupe industriel en société de services. Les bonnes pratiques consistent à anticiper au maximum la manière dont l’acquéreur va positionner la cible dans son modèle organisationnel. Cette étape ne doit pas être prise à la légère pour éviter que le refus atavique du « not invented here  » ne sabote le savoir-faire d’une nouvelle acquisition paradoxalement achetée pour apporter le changement.