La lettre des décideurs N°32

Le mot du Président : Demain entre nos mains

Robert Dambo
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Le mot du Président : Demain entre nos mains

Le réveil a été brutal. En pleine pandémie de Covid, la France se découvrait de nouvelles dépendances. Les fournitures médicales spécifiques manquaient à l’appel et les livraisons tardives de composants électroniques ou de bois, par exemple, obligeaient des entreprises à freiner leur activité. Une catastrophe sanitaire globale que personne n‘avait anticipée mettait en évidence les dommages collatéraux de la globalisation. Le réveil fut brutal, mais il fut salutaire. Et avec lui, la question de la géolocalisation de nos industries sous le prisme de la transformation durable est devenue prégnante, tout comme celle de notre souveraineté.

Au fil du temps, les révolutions industrielles et la structuration sociale de nos sociétés par l’économie ont conduit à la constitution de grandes mégalopoles au détriment d’une occupation harmonieuse des territoires. Dans le sillage de la globalisation triomphante, la délocalisation, vectrice des concentrations et disparités géographiques que nous observons aujourd’hui, s’est amplifiée. Dans nos régions, où les usines ont fermé, chômage et dépeuplement ont accéléré la désertification des territoires.

Repenser la mondialisation

Initialement, la dynamique de globalisation, portée par des attentions louables, partait d’un bon calcul : améliorer la performance des économies occidentales tout en contribuant au développement économique et social d’autres parties du monde pour résorber, à terme, les déséquilibres. La pandémie, la guerre aux portes de l’Europe et les préoccupations environnementales ont rebattu les cartes en mettant en évidence la face sombre de la délocalisation.

Un processus de réindustrialisation s’est donc enclenché pour retrouver l’autonomie perdue. Il s’appuie sur un cercle vertueux : réinstaller des usines sur les territoires et attirer ainsi de nouvelles populations, réanimer les marchés domestiques, participer à un développement plus respectueux des priorités de la planète (limiter le bilan carbone en localisant) et des citoyens (une meilleure qualité de vie) qui ont tiré les leçons du confinement et du télétravail.

Agir collectivement

La réindustrialisation véhicule de gros enjeux : accentuer la souveraineté nationale (industrielle, énergétique, sanitaire et militaire notamment), poursuivre la politique du retour au plein emploi, développer de nouveaux modèles de croissance responsable. Dans cette perspective, la France ne manque pas d’atouts, que l’on parle de talents, d’innovation, d’infrastructures de transports et de télécommunications.

Les études démontrent que cette réindustrialisation des territoires nécessite l’action collective de ses parties prenantes : l’Etat, les collectivités locales, les entreprises et les citoyens. C’est ainsi une formidable opportunité d’intégrer les critères d’une économie verte (décarbonation, GES, etc.) et les nouvelles organisations économiques et sociales.

Des raisons d’être optimistes

Les défis sont nombreux mais deux éléments nous invitent à l’optimisme : la prise de conscience collective, et l’engagement sans concession des jeunes générations qui jouent un rôle central dans l’accélération des changements indispensables.

À notre échelle, en tant que cabinet de conseil, nous avons la mission d’accompagner la transition qui s’opère dans les entreprises. Le maillage géographique de notre cabinet est au service des besoins stratégiques des acteurs des territoires, condition sine qua non d’une relocalisation vertueuse. La réindustrialisation raisonnée de notre pays est une véritable opportunité. État, collectivités locales, entreprises et citoyens doivent agir ensemble : l’avenir est entre nos mains.

A l’heure où la fragmentation du monde fragilise nos sociétés humaines, sachons recréer ainsi des liens d’une nouvelle cohésion et de solidarité.