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L’actionnariat-salarié, un partage de la création de valeur.

Frédéric Zeitoun
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L’actionnariat-salarié
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Après avoir été longtemps cantonné aux premiers cercles de dirigeants d’entreprises sous LBO, l’actionnariat s’étend progressivement au commun des salariés.

Cette évolution est essentiellement portée par la volonté des fonds d’investissement d’aligner leurs intérêts avec ceux des collaborateurs, tout en cultivant leur image d’actionnaires responsables.

Historiquement réservé aux grandes entreprises cotées, l’actionnariat salarié connaît une forme de démocratisation ces dernières années auprès des ETI et PME, notamment celles comptant un actionnaire financier à leur capital.

D’après le baromètre 2021 de l’actionnariat salarié non coté publié par Equalis Capital, 57% des entreprises ayant sauté le pas sont accompagnées par un fonds de capital investissement : 21% sont contrôlées par un investisseur financier majoritaire et 36% ont ouvert leur capital à un fonds minoritaire. Il faut dire que l’on part de loin : le premier sondage réalisé en 2016 par BDO France et Eres estimait seulement à 4% la part de PME ayant mis en place un tel dispositif.

Une étude plus récente d’Eres précise toutefois que « pour la majorité des entreprises non cotées, l’entrée d’un nouvel actionnaire est à l’origine de la mise en place de l’actionnariat salarié ». C’est notamment le cas dans les LBO secondaires et tertiaires où la montée en puissance des managers est aussi l’occasion d’élargir le cercle de l’actionnariat au commun des salariés.

Le fabricant de matériel pour les cuisines professionnelles Tournus Equipement s’est ainsi saisi de ce dispositif lors de son LBObis à la fois dans un objectif d’alignement d’intérêts entre l’entreprise et ses salariés mais aussi pour renforcer l’attractivité de la marque employeur de la PME bourguignonne.

Changement culturel

L’effervescence du LBO que l’on connait ces dernières années est donc un moteur d’accélération notable du mouvement, impulsé par la loi Pacte qui renforce et étend les avantages de l’actionnariat salarié, notamment avec le passage de la décote maximum autorisée pour les entreprises de 20% à 30% ou la réduction du forfait social sur l’abondement.

Ces mesures ont été amplifiées depuis la crise sanitaire avec la volonté affichée du gouvernement de promouvoir l’actionnariat salarié afin d’aiguiller l’épargne des Français vers les fonds propres des PME et ETI. D’après le Baromètre Amundi 2021 de l’Actionnariat Salarié publié cet été, le montant moyen de l’abondement en 2020 a augmenté de 9% dans les grandes entreprises et de 43% dans les ETI. D’autant qu’avec le chômage partiel et la baisse des rémunérations, l’actionnariat salarié a été perçu de manière plus sensible comme un outil de reconnaissance et de récompense pour l’implication des salariés pendant cette période difficile.

Ce changement culturel gagne également les fonds d’investissements, qui ont longtemps été réticents à faire porter le risque actionnarial à l’ensemble des salariés de l’entreprise, craignant l’effet d’un retournement sur le climat social et leur image. S’ils restent très vigilants à bien communiquer sur les risques de perte en capital, les acteurs du private equity français voient désormais en ce dispositif un outil puissant de leur politique ESG grâce un partage plus équitable de la création de valeur du LBO.