Les PME et ETI de l’aéronautique de défense
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Les PME et ETI de l’aéronautique de défense

Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, le 55ᵉ Salon du Bourget offre une opportunité stratégique de mettre en lumière le rôle fondamental des PME et ETI du secteur aéronautique de défense. Ces entreprises, souvent méconnues, constituent pourtant un maillon essentiel de notre autonomie stratégique et de la souveraineté industrielle française.

La réindustrialisation s’impose aujourd’hui comme un impératif national. L’industrie aéronautique, qu’elle soit civile ou militaire, incarne un levier majeur de puissance, de résilience et de souveraineté. Si les grands groupes en sont les figures emblématiques, c’est sur la richesse et la diversité du tissu de PME et d’ETI, implantées sur l’ensemble du territoire, que repose la solidité de notre base industrielle et technologique de défense (BITD).

La Loi de programmation militaire 2024-2030, avec ses 413 milliards d’euros d’investissement, représente une opportunité historique pour renforcer cette base. Mais pour être pleinement efficace, cet effort doit irriguer l’ensemble de la chaîne industrielle. Les PME et ETI ont besoin de visibilité pluriannuelle, de délais de paiement soutenables, d’un accès simplifié aux marchés publics, et d’un accompagnement renforcé dans leur transition écologique et numérique.

Former, moderniser, financer : tel est le triptyque indispensable pour permettre à ces entreprises de relever les défis à venir. La France peut s’appuyer sur un écosystème aéronautique de défense compétitif, composé de plus de 4 000 PME et ETI, générant près de 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires et des dizaines de milliers d’emplois qualifiés.

Cet écosystème, réparti sur tout le territoire national, incarne un savoir-faire unique et une maîtrise technologique de haut niveau. Il conçoit, fabrique, assemble, innove et exporte. Sans lui, aucun calendrier ne serait respecté, aucun système ne serait pleinement opérationnel. Ces entreprises de rang 2 ou 3, souvent discrètes, sont pourtant indispensables à notre autonomie stratégique. Elles produisent, innovent, exportent et créent de l’emploi au cœur des régions, dont elles constituent bien souvent l’ossature économique et sociale.

L’alliance entre un État stratège — notamment via la DGA et Bpifrance — et ce tissu entrepreneurial doit être au cœur de notre stratégie industrielle. Le secteur de la défense est l’un des rares à avoir échappé à la désindustrialisation. Il a su monter en gamme, préserver ses savoir-faire et irriguer les territoires. Cette réussite doit inspirer l’ensemble de notre économie.

Pour autant, il est nécessaire de renforcer les coopérations entre les grands groupes et les PME/ETI. La réussite de la BITD repose sur une logique de co-développement, de confiance et de partage des risques. Les grands donneurs d’ordre doivent pleinement intégrer ces entreprises dans leurs démarches d’innovation, de formation, de montée en compétences et de transformation technologique.

Un autre défi majeur réside dans le recrutement et la formation de la main-d’œuvre. Il est crucial de disposer de personnels qualifiés, capables de s’adapter aux évolutions technologiques les plus avancées. Attirer et former les talents — ingénieurs, techniciens, opérateurs — est une condition sine qua non de la réussite du secteur. Tous les maillons de la chaîne ont besoin de compétences adaptées, et de filières de formation connectées aux besoins industriels réels, dans tous les territoires.

Réindustrialiser, ce n’est pas seulement relocaliser. C’est réarmer durablement notre capacité industrielle, en s’appuyant sur les PME et ETI pour bâtir une souveraineté ancrée dans les territoires et tournée vers l’avenir.

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