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Voir clair pour décider

Karine Hillaireaux
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Dans un environnement devenu imprévisible, les dirigeants d’entreprise ont besoin d’outils pour anticiper, arbitrer et créer de la valeur. Loin d’être une contrainte réglementaire, l’analyse de double matérialité s’impose comme un levier stratégique : elle permet de relier les risques subis aux impacts causés, d’objectiver les vulnérabilités et d’ouvrir de nouveaux axes de développement. Retour d’expérience terrain.

Face à l’instabilité, piloter une entreprise, c’est arbitrer en permanence. Où investir ? Où se désengager ? Quels choix pour préserver la compétitivité demain ? Face à ces incertitudes, les directions générales ont besoin de repères solides, de signaux faibles à capter, de risques à objectiver.

C’est précisément dans cette logique que s’inscrivent les analyses stratégiques de risques et d’impacts ESG. Non pas comme un exercice théorique, mais comme un outil opérationnel pour éclairer les décisions. Ce que nous voyons sur le terrain, chez Grant Thornton, c’est que les entreprises — grands groupes comme ETI — ont aujourd’hui toutes en commun une double exigence : réduire leur exposition aux risques extra-financiers et identifier de nouvelles opportunités de développement.

Prenons le cas d’un industriel européen pour qui l’analyse des dépendances de sa chaine de valeur révèle la présence de fournisseurs clés localisés dans des zones à fort risque d’événements climatiques majeurs. Une évaluation de la perte économique potentielle liée à la déstabilisation de la chaine d’approvisionnement est présentée au Codir, qui valide la souscription d’une assurance paramétrique indexée sur des seuils climat. Résultat : un risque atténué, un dialogue engagé avec les fournisseurs, de nouvelles opportunités identifiées et une meilleure performance économique.

Autre exemple, dans le cadre d’une IPO. Lors des due diligences, les investisseurs examinent désormais avec attention les risques ESG. Ils ne cherchent pas une simple conformité : ils veulent comprendre comment l’entreprise anticipe, arbitre, évolue. Une cartographie sérieuse de ses impacts et de ses dépendances devient alors un facteur de valorisation.

C’est là qu’intervient l’analyse dite de double matérialité. Non pas comme une obligation de la directive CSRD, mais comme un révélateur de tensions stratégiques. Elle oblige à sortir du pilotage en silo pour relier les enjeux financiers aux impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance. Elle croise les risques subis avec les impacts causés. Elle pousse à poser les bonnes questions, à écouter les parties prenantes, à repérer les signaux faibles avant qu’ils ne deviennent des urgences.

Chez Grant Thornton, nous faisons de cet exercice un levier d’intelligence collective et de transformation. Car les entreprises les plus matures sont celles qui ne se contentent pas d’identifier des risques : elles en tirent des décisions éclairées et des stratégies gagnantes. L’analyse de double matérialité est un outil puissant au service de la lucidité stratégique.