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Black-out ! Comment ne pas rester dans le noir…

Clothide Marchetti
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Black Out

Le 28 avril dernier, une panne électrique géante a plongé l’Espagne et le Portugal dans un véritable chaos. Elle a littéralement mis à l’arrêt les personnes et les organisations, pendant plusieurs dizaines d’heures, sous les yeux d’une opinion internationale médusée. Pour les entreprises, cet épisode relève d’une nouvelle crise systémique, à la hauteur de la crise COVID.

Plus concrètement, ce black-out a provoqué une désorganisation massive, allant de l’interruption des communications (avec risque vital de la saturation des secours et des lignes d’urgences), à la paralysie de la production industrielle et des chaînes d’approvisionnement, en passant par l’arrêt des systèmes d’information avec la perte de toutes les données non sauvegardées.

Cette crise du 28 avril est riche d’enseignements pour les entreprises, qui vont devoir s’interroger sur leur stratégie de résilience à travers la mise en œuvre d’un Plan de Continuité d’Activité (PCA) et de gestion de crise.

Leçon 1 : La crise survient sans prévenir

Pour les observateurs du black-out ibérique, Il n’y a pas eu de préavis dans la catastrophe. Celle-ci a débuté en pleine journée, touchant des milliers d’entreprises. Beaucoup se sont avérées incapables de réagir efficacement face à ce qui n’avait jamais été prévu, ni même envisagé.

Face à ce défi, le PCA anticipe justement l’élaboration de scénarios majeurs. En situation réelle, le dispositif de gestion de crise mobilise la capacité de réaction immédiate.

Leçon 2 : Les chaînes de valeurs sont interconnectées

Certaines entreprises se sont retrouvées à l’arrêt sans avoir été directement touchées par la panne. Elles étaient les victimes collatérales de la défaillance de leurs fournisseurs et de leurs transporteurs.

Le PCA permet précisément de limiter ces impacts en cartographiant les dépendances internes et externes, surtout lorsque celles-ci concernent des processus ou des systèmes critiques. Le dispositif de gestion de crise implique, pour sa part, la coordination rapide avec les partenaires et les clients.

Leçon 3 : La dépendance au numérique rend les entreprises vulnérables

ERP, logiciels métier, téléphones ou e-mails : tous ces outils du quotidien sont dépendants de l’électricité. Une coupure électrique, entraîne donc forcément une coupure d’activité. Les entreprises sans solutions de secours ont vu leur activité s’interrompre brutalement en avril dernier.

Identifier les systèmes vitaux et leur associer des solutions de continuité est au cœur d’une démarche réussie de PCA. La cellule de crise vient coordonner l’ensemble de ces « plans B » au niveau de toute l’entreprise.

Leçon 4 : Les décisions prises sous stress peuvent aggraver la situation

Sous la contrainte, certaines entreprises ont fait des choix sans en mesurer réellement les impacts. Le redémarrage forcé des machines, par exemple, a pu endommager l’outil de production industriel ou industrielle.

Les départs précipités des collaborateurs (pour aller notamment chercher les enfants à l’école), ou les évacuations improvisées des sites à l’arrêt, ont contribué à augmenter le chaos.

C’est pour éviter cela que le PCA établit des procédures claires, validées et connues des équipes, avec un cadre décisionnel fixé par la cellule de crise.

Pour conclure, nous retiendrons que le black-out ibérique n’est certainement pas un épisode isolé. Quelles que soient les causes de cette rupture du réseau électrique, il faut raisonner en terme d’ « effets »... Ce qui rejoint le postulat fondamental de toute l’approche PCA. In fine, la manière dont les entreprises ont géré cette panne géante et ses conséquences constitue le marqueur de leur maturité. Les organisations absentes ou confuses ont vu leur réputation dégradée, même si la crise touchait tout un écosystème. C’est sans doute là où réside la grande différence avec la crise COVID…