La lettre des décideurs n°27

Entretien avec Antoine Hubert, Co-fondateur et CEO d’Ynsect

Antoine Hubert
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Antoine Hubert
Entretien avec Antoine Hubert, Co-fondateur et CEO d’Ynsect
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Ynsect est une société en plein essor, une « success story » française spécialisée dans l’élevage et la transformation d’insectes pour l’alimentation humaine, la nutrition animale mais pas que, dont les levées de fonds doivent faire pâlir ses concurrents.

Quels sont les prochains grands projets de développement dont vous pouvez nous parler ?

Ÿnfarm 1, notre ferme verticale, ouvrira ses portes d’ici à 2022 et sera la plus grande ferme verticale au monde, avec 36m de hauteur et une capacité de production de 200 000 tonnes d’ingrédients par an. Notre carnet de commandes est déjà rempli pour les 4 prochaines années à hauteur de $105M USD.

En avril 2021, nous avons également racheté Protifarm, notre filière néerlandaise qui bénéficie actuellement de mesures transitoires pour commercialiser des produits pour l’Homme. Ce rachat permet à Ÿnsect de commencer son internationalisation et la pénétration de ce marché, par le biais de nos deux grands piliers : santé et performance. En effet, la protéine d’insecte possède autant de bénéfices nutritionnels que la protéine de lait, est hautement digeste et permet une diminution significative du cholestérol de 60 %. 

Ces données démontrent qu’elle serait un met de choix dans l’alimentation des séniors et des athlètes. Néanmoins, Ÿnsect est en attente de la validation du dossier Novel Food. L’Union Européenne a également confirmé courant août l’utilisation de la protéine d’insectes dans l’alimentation des porcs et des volailles.

Comment lever certains blocages culturels pour favoriser la consommation d’insectes dans l’alimentation humaine ?
Nous savons que nous en avons mangé pendant très longtemps à travers l’Histoire. Aujourd’hui, ils font partie de la consommation quotidienne de près de 2,5 milliards d’individus, notamment en Asie et en Afrique. Pour réussir à initier la consommation d’insectes en Europe, un changement de mentalité devra s’opérer : il faut donc commencer par éduquer les populations en mettant en avant ses bénéfices santé et performance.

Nous savons que les sportifs sont de bons ambassadeurs : ils sont curieux et recherchent des solutions saines. En parallèle, notre ferme verticale des Pays-Bas travaille sur de l’alimentation plus classique : burgers, biscuits, pâtes alimentaires. Les évolutions alimentaires, voire les révolutions arrivent très vite : il y a 20 ans, peu de gens mangeaient du poisson cru, aujourd’hui, le sushi est devenu un met universel qui s’adapte aux cultures. Un bon exemple à suivre !

Un peu de prospective : quelles sont les grandes innovations auxquelles s’attendre dans les 10 prochaines années, dans vos domaines ?

Le secteur de l’élevage d’insectes devrait prendre de plus en plus d’ampleur du fait d’un besoin crucial de protéines des populations. 

En termes d’innovation, son autorisation dans de nouveaux marchés va avoir un gros impact sur notre souveraineté alimentaire, ou encore l’alimentation humaine. De plus, concernant ce dernier, l’UE a récemment donné son accord pour l’intégration du ver de farine dans l’alimentation humaine, puis aux sauterelles et crickets, on peut imaginer que cette autorisation soit étendue à d’autres insectes, toujours dans un souci de répondre à la demande grandissante tout en limitant nos impacts sur l’environnement et la biodiversité. Nous devrions également voir apparaître de nouvelles innovations technologiques pour faciliter l’élevage d’insectes et accroître la performance.

Ynsect est certifiée BCorp depuis cette année. De quels engagements cette certification est-elle le miroir ?

Nous sommes la première entreprise de notre secteur au niveau mondial à l’obtenir.

Cette certification valorise nos actions menées sur trois grands piliers :

  • Au niveau environnemental :
    • Mise en place d’une direction transversale « Impact » qui qualifie, mesure et calcule les conséquences des activités de l’entreprise sur le monde qui l’entoure, pour toujours encourager les équipes à faire mieux.
    • Mise en place une comptabilité carbone qui permet de prendre en compte l’impact d’Ÿnsect sur le changement climatique au quotidien afin de mieux guider ses prises de décisions.
    • Modèle de fermes verticales qui permettent de produire plus de protéines tout en utilisant moins d’espace et moins de ressources. 

Le cabinet Quantis démontre que l’activité d’Ÿnsect est ainsi l’une des premières en France à être carbone négative : sur l’ensemble de la chaîne de valeur, l’activité évite et séquestre plus de CO2 qu’elle n’en émet.

  • Au niveau social :
    • Augmentation de 35 % du salaire minimum français des salariés pour valoriser la contribution individuelle au regard de la réussite collective.
    • Congé parental de 10 semaines pour les nouveaux parents.
    • Création de l’école des métiers, Chrysalis, pour assurer la montée en compétence des collaborateurs.
  • Au niveau de la gouvernance :
    • Création d’Ÿnvest : une société qui permet à tous les collaborateurs présents depuis plus de 6 mois d’investir dans Ÿnsect.

 

Sources :
Dossiers : dossier 1 [PDF 627Kb],

Recherches : recherche 1,
Recherche 2.

Communiqués de presse : communiqués de presse 1,
Communiqués de presse 2,
Communiqués de presse 3.