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L’enseignement supérieur, secteur résilient par excellence

Frédéric Zeitoun
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L’éducation est devenue le « must-have » des portefeuilles des fonds mid-market tant elle cumule les vertus de résilience, de croissance et de visibilité dans un contexte d’incertitudes accrues.

Si la crise ukrainienne, l’inflation et la remontée des taux ont calmé la frénésie des fusions-acquisitions après une année 2021 record, certains secteurs sont plus que jamais courtisés par les fonds de Private Equity à l’affut d’actifs résilients pour déployer les montants significatifs levés récemment.

Avec des transactions qui ont tutoyé des sommets de valorisation, l’enseignement supérieur illustre par excellence ce mouvement de « fly to quality ». En mai dernier, le LBO quaternaire du groupe EDH a fortement marqué le marché avec une valorisation de 700 millions d’euros, soit près de 22 fois l’EBITDA, offerte par Five Arrows pour prendre le contrôle de la plateforme à la tête des écoles EFAP et Brassart notamment.

Quelques mois plus tôt fin 2020, Ardian avait aligné 600 millions d’euros, soit 20 fois l’EBITDA pour mettre la main sur Ad Education, groupe d’enseignement privé développé autour des écoles de Condé, témoignant de l’appétit considérable des investisseurs pour des actifs ayant démontré leur capacité à croître en dépit, et parfois même un peu grâce à la crise du Covid.

La pandémie a d’ailleurs accéléré la convergence entre les acteurs de la formation physique et on-line, illustrée encore récemment par le rachat par AD Education du groupe Oktogone, spécialiste de l’e-learning pour un montant de 200 millions d’euros, soit 20 fois l’EBITDA de la PME aux 32 millions d’euros de revenus. Des valorisations qui frisent les valorisations de la Tech malgré les fondamentaux incontestablement solides du secteur.

Effet de bascule du public vers le privé

Car l’enseignement supérieur coche toutes les cases du « must-have » dans les portefeuilles des fonds : une rentabilité entre 10 et 30% d’EBITDA, une prédictibilité de deux à cinq ans des revenus en fonction des cursus, et une résilience aux retournements de cycles puisqu’en cas de crise économique, les ménages auraient au contraire tendance à investir encore plus dans l’éducation de leurs enfants pour les prémunir contre le chômage…

Cerise sur le gâteau, investir dans l’éducation est également valorisable dans une politique ESG devenue incontournable pour tous les fonds d’investissements. Rien ne semble donc menacer l’excellente santé du secteur, d’autant qu’avec une population de bacheliers qui va continuer à grossir jusqu’en 2030, l’effet de bascule massif du public vers le privé se confirme, alimenté par les difficultés criantes du système universitaire français. En vingt ans, les inscriptions d’étudiants dans les établissements privés ont doublé, tandis qu’elles n’ont augmenté que de 17 % dans les universités. Brandissant une promesse d’employabilité que l’enseignement public massifié peine à délivrer, les écoles privées prospèrent avec une offre pléthorique de cursus à la carte.

La récente réforme de l’apprentissage a également permis aux établissements privés de séduire les familles modestes avec des frais de scolarité pris en charge par les entreprises et le contribuable. Par exemple, au sein du groupe Omnes Education, en LBO avec Cinven depuis 2019, les alternants représentent la moitié des effectifs du groupe de 12 écoles et 35 000 étudiants. La généralisation de l’apprentissage a prouvé son efficacité dans la lutte contre le chômage promettant des rentabilités futures prometteuses pour les investisseurs.