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La Lettre des décideurs n°24

L’économie circulaire : une révolution économique devant nous

Dans certains films, il y a des scènes qu’il vaut mieux ne pas manquer si on ne veut pas perdre le fil de l’histoire. L’économie circulaire va obliger un aggiornamento de tous les métiers que personne ne peut plus ignorer désormais.

Pourquoi c’est stratégique ?

L’Europe et les gouvernements européens ont fait de la transformation écologique un axe majeur de relance de l’économie en définissant un cadre règlementaire, fiscal et incitatif. La Commission Européenne vient de publier une taxonomie pour définir les activités qui peuvent entrer dans le cadre de la finance verte.

De plus en plus d’entreprises comme Adidas, Henkel ou encore Tarkett sont déjà engagées dans le reengineering complet de leur chaîne de la valeur en impliquant l’ensemble de leurs sous-traitants. Le Grand Paris et de nombreuses métropoles mondiales lancent des appels à projets pour accélérer le déploiement de solutions d’économie circulaire.

Contrairement à ce qu’on imagine souvent, l’enjeu de l’économie circulaire n’est pas la valorisation ni l’élimination des déchets en bout de chaîne. L’enjeu de l’économie circulaire, c’est de préserver notre stock de ressources et pour cela, réussir à ne plus créer de déchets. L’économie circulaire permet de découpler la croissance économique et l'épuisement des ressources naturelles qui en découlent dans l’économie linéaire.

Avec l’économie circulaire, toutes les industries devront revisiter leurs offres, leurs process de production et leurs critères de performance pour prendre en compte une création de valeur extra-financière.

La Commission Européenne a évalué à 240 Milliards d’euros les besoins annuels de financement de la transition écologique. Impossible, donc, de passer à côté de cet extraordinaire relais de croissance !

Pourquoi il faut s’engager maintenant ?

Malgré les 500 rapports publiés ces dernières années sur l’économie circulaire, dont plus de 150 concernent la finance verte, tout reste à faire. Nous nous trouvons à un point de bascule où tout s’accélère.

Des sociétés de gestion comme Mirova ou la Banque Postale Asset Management se sont engagées à avoir la totalité de leurs actifs sous gestion en investissement socialement responsable (ISR). Même si le volume d’émission des obligations vertes a été multiplié par 100 entre 2012 et 2019, ces dernières ne représentent que 1 % des encours au niveau mondial et 2,5 % en Europe.

Développer une activité ayant des effets positifs sur l’environnement et sur l’homme implique une remise en question de l’ensemble du cycle de vie du produit, de la conception, en passant par la production et aux modalités de consommation. C’est un changement de paradigme avec un effet domino par les relations entre donneurs d’ordre et sous-traitants et prestataires.

Au niveau des territoires, l’économie circulaire va nécessiter la mise en place de nouveaux écosystèmes d’affaires en sécurisant des business models rentables pour tous les acteurs et en construisant des montages financiers complexes impliquant des financements publics, locaux, nationaux et souvent européens.

Les fonctions financières et juridiques seront au cœur de l’action ! Elles vont jouer un rôle majeur sur l’application des critères Environnement-Social-Gouvernance (ESG) aux investissements, l’optimisation fiscale liée aux bonus-malus écologiques et les simulations financières liées aux nouveaux business models.

Elles devront également contribuer à la mise en œuvre effective d’une nouvelle comptabilité environnementale et l’émergence de nouveaux schémas contractuels entre entreprises dans des écosystèmes à inventer.