La lettre des décideurs

Découverte de l’Institut Français de la Mode

Thomas Delattre
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Thomas Delattre
Découverte de l’Institut Français de la Mode
Grant Thornton, partenaire de l’Incubateur de l’Institut Français de la Mode

« Nous sommes dans un moment où la polarisation du marché s’accélère, avec à ses extrémités deux segments en croissance et qui s’opposent : le luxe et le mass market. »

Thomas Delattre, Professor et Director of Fashion Entrepreneurship Center de l’Institut Français de la Mode.

QUELLE SERAIT VOTRE DÉFINITION DE LA « FRENCH TOUCH » EN MATIÈRE DE MODE ?

A mon sens, la mode à la française se distingue par sa capacité à associer créativité et savoir-faire techniques. Les groupes de luxe français, aujourd’hui leaders mondiaux sur leur secteur d’activité, témoignent de cette double expertise en étant à la fois capables de renouveler la mode à travers des marques créatives, tout en préservant des savoir-faire ancestraux et en développant de nouveaux (matériaux innovants, nouvelles technologies…). C’est ce que nous promouvons dans nos enseignements à l’Institut Français de la Mode, en décloisonnant management, création et savoir-faire.

QUELLES SONT LES GRANDES TENDANCES QUI IMPACTENT LE SECTEUR, DONC VOS ENSEIGNEMENTS ?

L’industrie de la mode connaît des enjeux similaires à d’autres secteurs d’activité, comme le développement durable, l’accélération de la digitalisation et de l’internationalisation des marques. Le secteur est spécifiquement impacté par de nouveaux entrants : des pure players du mass market qui proposent une offre très attractive tant sur le produit que sur des prix plus bas que jamais. Je pense qu’on ne peut pas simplement condamner le manque de durabilité de ces acteurs ou de leurs consommateurs. On se doit d’analyser leurs facteurs clés de succès pour proposer une alternative meilleure d’un point de vue éthique et écologique, tout en tenant compte de la réalité économique des consommateurs (arbitrages budgétaires, pouvoir d’achat…).

L’UPCYCLING EST-IL UNE TENDANCE D’AVENIR DU LUXE ?

L’upcycling se développe de plus en plus, et l’enjeu principal est la capacité à « industrialiser » la production d’articles upcyclés, afin qu’il ne s’agisse pas de pièces uniques aux coûts importants mais plutôt d’articles pouvant être produits en série. Ce passage à l’échelle est nécessaire pour que la pratique de l’upcycling soit économiquement viable pour les marques de mode. Au-delà du modèle économique fragile à date, c’est incontestablement une pratique vertueuse qui s’inscrit dans un objectif commun à toute l’industrie : augmenter le cycle de vie du produit, que ce soit dans ses usages (2nde main…) ou dans son réemploi (recycling, upcycling…)

SOMMES-NOUS À UN MOMENT « CHARNIÈRE » COMME NOUS L’AVIONS PU L’OBSERVER À LA FIN DANS LES ANNÉES 70 OU 90 ?

Nous sommes dans un moment où la polarisation du marché s’accélère, avec à ses extrémités deux segments en croissance et qui s’opposent : le luxe et le mass market. Beaucoup d’acteurs intermédiaires (moyenne gamme) souffrent voire disparaissent. Certains parviennent à se réinventer pour rester dans la course, ce qui demande de revoir sa stratégie à plusieurs niveaux : son offre, son pricing ou encore ses modes de distribution.

Grant Thornton, partenaire de l’Incubateur de l’Institut Français de la Mode (IFM) et du Pitch de l’Incubateur IFM 2023, apporte son soutien aux jeunes entrepreneurs des industries créatives (mode, luxe, bijoux, accessoires, beauté, design et lifestyle). Le 19 octobre dernier, le cabinet était membre du jury de l’édition 2023 de la compétition, où 16 projets incarnant l'innovation et l'excellence ont été présentés.

Le vainqueur : Cent Neuf, marque de mode travaillant exclusivement avec des produits de seconde main sélectionnés un par un et remis à neuf.

Cent Neuf a été portée par : Pénélope Cruz (Dust spring/summer 2023), Alexia Duchêne (Instagram), Vassili Schneider (Vanity Fair), Julia Faure (Festival du cinéma américain de Deauville), Boran Kuzum (Vogue), Anwar Hadid (Vogue).../…