Point de vue

Crise sanitaire, vers un renforcement des procédures de Due Diligence

Alain Régis Grail
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Alain-Régis Grail
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L’investisseur s’efforce autant que possible de minimiser l’aléa et donc l’incertitude sur son projet d’investissement. Or, la période que nous vivons n’a jamais créé autant d’incertitudes tant cette crise sanitaire remet en cause profondément notre mode de vie et donc notre système économique dans sa globalité.

Certains secteurs de l’économie parfois un peu délaissés ont fait preuve d’une résilience insoupçonnée et à l’inverse, certains secteurs n’ont pas aussi bien tenu le choc que ce que nous pensions.

Nous constatons par ailleurs un fléchissement du nombre d’opérations (a minima sur le marché du midcap), et ceci dans un marché où les liquidités sont abondantes. Ces deux éléments combinés ont un effet inflationniste sur les multiples, et donc sur les valorisations pour des groupes opérant sur des secteurs jugés par le marché comme résilients.

Cette crise, dont les conséquences sociales, sanitaires et économiques peuvent être tragiques, s’avère également un stress test inédit pour les entreprises et une occasion de démontrer une réelle résilience, et de mettre en œuvre un certain nombre d’actions et de leviers afin de piloter, et donc d’optimiser la gestion.

C’est dans ce contexte économique incertain, et qui n’est pas réellement reflété dans les niveaux de valorisation, qu’il nous paraît indispensable de mettre en œuvre des procédures de due diligence renforcées.

L’appréciation de la performance de l’année 2020-2021 n’est pas chose aisée, et le niveau d’EBITDA 2020, qu’il soit positivement ou négativement impacté par l’épidémie de Covid-19, ne pourra en général pas être considéré comme normatif, et ne pourra donc pas servir de référence pour la valorisation.

Par ailleurs, les impacts sont évidemment très différents selon les secteurs d’activité. Une approche spécifique par industrie basée sur une connaissance sectorielle nous semble être indispensable.

L’investisseur aura donc besoin de se forger une opinion sur l’impact financier réel que l’épidémie de Covid-19 aura eu sur la cible qu’il envisage d’acquérir.

De nombreuses questions se posent pour l’investisseur :

  • Est-ce que la crise sanitaire liée au Covid-19 remet en cause fondamentalement le business modelet l’écosystème de l’entreprise (fournisseurs clés, réseau de distribution, logistique…) ?
  • Quel a été l’impact du deuxième confinement par rapport au premier (mise en place d’une nouvelle « normalité ») ?
  • Quelle sera ma courbe de reprise d’activité ?
  • Est-ce que les mesures de distanciation sociale qui risquent de s’installer un certain temps auront un impact sur mon organisation et donc ma productivité ?
  • Quelles sont les mesures d’économie mises en place pour faire face à la baisse d’activité (diminution des capex, franchise de loyer, demande de remises exceptionnelles…) ?
  • Quels seront les effets à long terme sur mon activité : portefeuille clients, pression déflationniste sur les prix de vente, difficultés d’approvisionnement… ?
  • Quel est l’impact de cette crise sur mon profil de BFR (en tout état de cause le BFR moyen 2020 ne pourra pas être considéré comme normal) ?


Au-delà de la notion de l’EBITDAC (Earnings Before Interest Tax Depreciation Amortization and Covid), qui correspond à la rentabilité retraitée des impacts ponctuels liés à l’épidémie de Covid-19, et dont les impacts ne sont pas toujours faciles à quantifier, il nous paraît primordial de comprendre quels seront les effets à long terme de cette crise sanitaire.

C’est dans ce contexte qu’il nous apparaît primordial de renforcer les procédures de due diligence, afin d’estimer de la façon la plus fiable possible la future création de valeur d’un projet d’acquisition.