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Droits humains : chaînes de valeur mondialisées et stratégie

By:
Eugénie Denat
Droits humains : chaînes de valeur mondialisées et stratégie

Les impacts majeurs de la mondialisation dans les pratiques des entreprises ne sont plus un secret. Nombreuses sont celles qui voient leurs activités et leur chaîne de valeur implantées au sein de pays ayant une approche et des pratiques culturelles hétérogènes en matière de droits humains ou d’environnement. Cet écosystème multifactoriel rend complexe le déploiement d’une stratégie en ce qui concerne les droits humains. Afin de répondre à cette problématique, quelques bonnes pratiques sont à mettre en œuvre :

Une préparation essentielle

Comme évoqué dans nos précédentes publications, identifier les risques de manière opérationnelle en fonction des pays ou des secteurs est la première étape afin d’avoir une vision pragmatique de la situation. Pour intégrer la dimension transnationale, quelques points sont à mettre en pratique :

  • Considérer l’impact culturel et religieux dans la conduite des affaires,
  • Prioriser les pays à risques et les zones de conflits,
  • Rencontrer et dialoguer avec les équipes locales afin de comprendre les difficultés logistiques qu’elles rencontrent,
  • Identifier les objectifs de déploiement de la stratégie « droits humains », en proposant une feuille de route opérationnelle.

Le rôle de la culture se retrouve souvent dans la pratique des affaires : importance donnée au contrat écrit, place de la parole dans un deal, bouche à oreille dans la vente de matières premières, etc. Toutes ces spécificités sont à intégrer afin d’aller vers le business model le plus résilient et inclusif possible, mais également pour garantir une sereine pérennité dans les affaires. En ne prenant pas toutes ces considérations en compte, l’entreprise concernée risque de passer à côté d’opportunités, et de ne pas s’implanter durablement dans le paysage économique national.

Pour avoir une vision transparente de la réalité sur le terrain, diligenter des audits sociaux ne suffit plus. Se déplacer devient essentiel car cela permet d’être au contact des employés locaux (sous-traitants, fournisseurs ou collaborateurs du groupe), et de recueillir des retours concrets sur les difficultés rencontrées en vue de les répercuter dans l’exercice d’identification des risques, et d’anticiper le déploiement de mesures correctives.

Objectifs flous, ratés précis

Afin de mettre en œuvre des mesures de vigilance et de proposer une réponse adaptée à des problématiques spécifiques, des objectifs clairs doivent être définis avant le déploiement.

Pour ce faire, plusieurs points sont à prendre en compte :

  • Proposer des solutions concrètes : éviter de proposer des solutions théoriques non applicables à la réalité. Cela ne peut que mettre en échec les personnes concernées par le déploiement,
  • Être entouré d’experts : à l’instar d’ONG ou d’associations locales. Une connaissance approfondie des zones, des aspects culturels et religieux est primordiale,
  • Accompagner et former les équipes : l’accompagnement et la formation sont indispensables en matière de droits humains, afin de sensibiliser les équipes opérationnelles à identifier les situations à risques et à maintenir le déploiement de bonnes pratiques sur le long terme,
  • Mettre en place un suivi basé sur des indicateurs pertinents : la création d’indicateurs de pilotages adéquats, afin de monitorer la démarche, est un point majeur dans l’évolution des pratiques.