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Chief Impact Officer, une nouvelle fonction qui a du sens?

Nathalie Margraitte
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Chief Impact Officer
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Importé du monde anglo-saxon, le titre de Chief Impact Officer commence à se répandre dans certaines entreprises françaises. Renommer un responsable RSE ou un Directeur développement durable ne suffit pas à distiller la culture de l’impact dans les organisations, sauf si cette nouvelle fonction apporte un changement de paradigme à la tête même des organisations.

Depuis quelques années et sous l’impulsion de la norme Iso26000, nombre de Directions du développement durable se sont transformées en Directions RSE. Aujourd’hui, on voit apparaître un nouveau vocable pour cette fonction : le Chief Impact Officer ou CIO pour les initiés.  Effet de mode « glamourisé » par la nomination en 2021 du Prince Harry en tant que CIO de la start-up californienne Better-Up ou celle de l’ancienne Directrice de la mission French Tech, Kat Borlongan, au même poste au sein de la licorne française Contentsquare ? Ou réelle étape supplémentaire dans l’intégration des enjeux environnementaux et sociétaux en amont de la stratégie de l’entreprise ?

S’il est tentant pour certains adeptes du green-washing de détourner cette nouvelle appellation au service d’une communication creuse, il n’en est pas moins incontestable que cette évolution sémantique rejoint un véritable changement de dimension dans la prise en compte des performances sociales et environnementales des entreprises et de la volonté de les mesurer, au même titre que la performance financière.

Changement de nom, changement de paradigme ?

Cette montée en puissance se traduit clairement dans l’accès de la fonction de CIO aux cercles décisionnels de l’entreprise, et notamment la création d’un nouveau poste dédié dans les Comités exécutifs, alors qu’auparavant la RSE était souvent rattachée à la Direction de la communication ou du Marketing. Or, pour que les actions préconisées par les Responsables impact soient réellement mises en œuvre au sein des services opérationnels, elles doivent être portées par le sommet de la hiérarchie.

L’adhésion du management est la seule garante de faire passer certaines mesures douloureuses, d’impulser des changements de mentalité et de bouleverser des modes de fonctionnement ancrés depuis des décennies. Que ce soit dans la manière d’appréhender la diversité et l’inclusion, ou de renoncer au confort de pratiques polluantes, l’implication du management opérationnel et sa formation sur ces sujets sont indispensables.

Mettre en place une comptabilité carbone, systématiser le recyclage et la valorisation des déchets, fixer des objectifs chiffrés de réduction de son empreinte de carbone, de mixité et d’intégration du handicap dans l’entreprise, repenser son business model mais aussi le partage de la création de valeur en introduisant un ratio d’équité, sensibiliser et mobiliser les salariés pour des causes d’intérêt général… autant d’exemples de mesures qui induisent un changement de paradigme dans la définition même du rôle de l’entreprise, qui devient un acteur moteur dans la préservation de l'environnement et les transformations sociétales, vers un monde plus juste.