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« Espace frontière de l’infini »

A l’heure où l’Armée de l’Air française devient l’Armée de l’Air et de l’Espace, ce qui est un nouveau champ de confrontation stratégique est également un nouveau domaine économique.

C’est l’avènement du New Space. L’anglicisme n’est pas ici une coquetterie car c’est bien aux USA qu’a émergé ce secteur.

Le New Space, c’est l’entrée dans l’économie spatiale jusqu’ici réservée aux Etats d’acteurs du secteur privé. Ses représentants les plus emblématiques sont probablement Elon Musk et Jeff Bezos avec leurs sociétés SpaceX et Blue Origin. Il serait cependant illusoire de penser que la seule fortune personnelle des deux magnats américains leur a permis de se lancer à la conquête de l’espace.

L’origine du New Space est principalement liée au fait que la NASA a confié le développement de nouveaux lanceurs et navettes à ces opérateurs privés qui ont donc bénéficiés des crédits correspondants et du savoir-faire des ingénieurs de la NASA.

Le style de ces nouveaux pionniers et l’écosystème de start-up qui s’est développé autour des projets spatiaux a ainsi conduit à une approche décomplexée de la technologie et à une innovation agile. On a ainsi pu voir une capsule Crew Dragon, dont on pourrait qualifier le design de « futuriste », s’amarrer à l’ISS le 30 mai 2020.

Si la France, pays d’un « vieux continent », a dans un premier temps observé de façon circonspecte ce nouvel environnement il faut souligner l’émergence et la consolidation d’un New Space français.

L’excellence des formations et la base installée industrielle ont favorisé l’essaimage ou la création de nombreuses start-up. Certaines s’intéressent à la fabrication de satellites ou de leurs composants d’autres à la constitution de constellations en orbite basse destinées à l’observation et à la valorisation de ces données. On citera sans être exhaustif, Unseenlab, Prométhée ou Anywaves. Un lancement d’Ariane a les faveurs de la presse mais qui a noté qu’Unseenlab a mis sur orbite 3 de ses satellites « maison » en utilisant les services de Rocketlab, un lanceur d’origine Néo-zélandaise ?

La vitalité du secteur et les enjeux économiques et stratégiques conduisent à de nombreuses initiatives permettant de faire éclore de nouvelles sociétés et croitre les premières. C’est ainsi qu’a récemment été lancé le projet BLAST (Boost and Leverage Aerospace and Defence Technologies) qui réunit l’ONERA, Starburst, l’École Polytechnique et la SATT Paris-Saclay.

Le programme bénéficie également du soutien de la BPI car comme souvent se pose l’enjeu du financement. S’il existe un écosystème de fonds venture qui permet l’amorçage on observe que la French Tech au sens large exerce une attractivité certaines sur les investisseurs étrangers quand il s’agit de financer la croissance.

Les initiatives comme le lancement du Fonds Innovation Défense ou French Tech Souveraineté sont des éléments de réponses à des enjeux qui deviennent politiques et stratégiques. Cet enjeu n’est pas seulement français mais bien européen. La Commission a ainsi lancé l’initiative CASSINI (Competitive Space Start-ups for INnovatIon) qui doit permettre l’émergence d’un New Space Européen.

La France et l’Europe sont des puissances spatiales et se doivent de le rester. De nouvelles nations affichent des ambitions claires sur le sujet et les USA veulent retourner sur la lune comme une étape vers Mars. Le maintien et le développement de notre base technologique sont essentiels. La promotion et le développement du New Space en sont une brique incontournable.

Associé
Nicolas Tixier Rencontrez Nicolas